by Robert Fleck
1998 est un projet qui ne se mesure qu'après sa fin. Au début, il s'agissait d'une nouvelle 'Kunsthalle' à Nantes, marquée par le sigle 1998.
Ce qui voulait dire : « Regarde moi, je suis actuel ». Un espace indépendant, un artist run space dans lequel simona Denicolai et ivo Provoost ont exposé des artistes de leurs propre génération dont le travail avait des affinités avec leurs propres préoccupations.
Dès le début, simona Denicolai et ivo Provoost ont insisté sur le fait que ce nouveau lieu d'exposition se limiterait à l'année 1998. Toutes les questions d'infrastructure furent réglées par les artistes avec une très grande justesse : le choix de containers de chantier neufs comme architecture d'exposition ; leur placement temporaire sur la place nantaise conçue par dan Graham, dans un style volontairement dépouillé et industriel ; et l'utilisation des containers et de la place dan Graham comme lieu de rencontres et de petits événements se situant à la frontière entre espace privé et public.
On pouvait être plus réservé sur l'idée des deux artistes selon laquelle le choix des aristes invités, le travail curatorial, serait lui même d'essence artistique. En quoi une programmation d'expositions assurée par un artiste est-elle du domaine de l'art, contrairement au fonctionnement ordinaire d'un centre d'art contemporain ?
L'énigme s'est dissipé avec la fin du projet 1998, coïncidant avec la fin de l'année 1998. Avec cette date, le projet changeait de nature, il est devenu un travail sur la mémoire. Pour tous ceux qui ont croisé et rencontré le projet 1998, la dénomination de ce centre d'art temporaire évoque d'emblée la totalité des choses qu'ils ont vécu dans l'année 1998.
Il est évident que cet effet de mémoire qui a été très précisément 'sculpté' par les deux artistes, fais de ce projet une oeuvre d'art. Par beaucoup d'aspect, il s'agit d'une sculpture. Les containers sur la place dan Graham furent un très beau travail sculptural. Penser et discuter de l'art peut être une sculpture, comme l'a montré joseph Beuys. Créer une entité de mémoire est, dans ce cas précis, également une ouevre en soi.